Comment les 60 000 personnes incarcérées en France vivent-elles leur sexualité ? S'il semble aujourd'hui impensable de ne pas soigner et nourrir les prisonniers, il apparaîtra sans doute incompréhensible que la prison du XXIe siècle n'ait pas su intégrer le respect du droit à l'intimité comme un élément essentiel de la dignité humaine. La privation et le contrôle des relations sexuelles en prison représentent une peine supplémentaire pour les détenus et leurs proches qui en éprouvent toute l'injustice.
Il fallait une étude ambitieuse pour dépasser les stéréotypes, notamment en matière de prostitution, de viol ou d'homosexualité à l'intérieur des murs. En prison, la régression vers une sexualité solitaire abreuvée de pornographie est difficile à éviter. La sexualité conjugale est furtive et humiliante, volée au regard des surveillants. Une situation générale en contradiction avec les ambitions affichées de l'État en matière de réinsertion et de lutte contre la récidive.
Ce document sociologique inédit est aussi une passionnante enquête humaine. Soixante hommes et femmes détenus en France ont été rencontrés de manière régulière. Des témoignages ont été recueillis dans plusieurs pays étrangers. L'auteur a aussi pu interroger le personnel de l'administration pénitentiaire et médico-social. Il questionne alors la nature et l'usage de l'enfermement pour les mettre en perspective avec une justice trop souvent mal comprise.
Arnaud Gaillard est secrétaire général du Réseau d'alerte et d'intervention pour les Droits de l'homme (RAIDH). Juriste et docteur en sociologie, il est l'auteur d'une thèse sur la sexualité en prison soutenue à la Sorbonne en 2008. Fin 2009, il coordonne le IVe Congrès mondial contre la peine de mort.