Trésor, écrits, pouvoirs
Archives et bibliothèques d'État en France à la fin du Moyen Âge
Préface de Patrick Boucheron
Les pouvoirs de l'écrit dans la société médiévale ne reposent pas seulement sur la capacité des institutions à le produire ou à le diffuser. Le cas particulier du royaume de France et de son État en gestation à la fin du Moyen Âge manifeste un rapport singulier à la conservation des supports et des valeurs de l'écrit dans des espaces réservés et situés au cœur des Palais et qui forment autant de " trésors ". La localisation de ces dépôts structure l'espace et la dynamique de centralisation du pouvoir capétien et assure indirectement, par leur inscription dans les espaces urbains, une présence et un pouvoir de l'écrit bien plus large : la visibilité indirecte des trésors d'écritures. Ces " trésors " de titres, de chartes, de manuscrits informent la " sapience " d'un souverain qui pose ainsi les fondements d'une " science de l'État ".
Cet ouvrage rassemble un certain nombre d'études singulières sur le Trésor des chartes entre le xiiie et le xvie siècle, et la librairie royale, dite " de Charles V ", entre son installation au Louvre en 1368 et sa dispersion au début du XVe siècle. Ces travaux sont précédés de textes généraux sur la question du statut de la fonction politique et symbolique de la thésaurisation royale.
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À l'heure où s'achève le centenaire de la Première Guerre mondiale, deux historiens se penchent sur le destin d'une petite fille extraordinaire née en 1908 dans une famille de la grande bourgeoisie parisienne.
Cette petite fille, c'est Françoise Marette, "Vava" pour les intimes, et elle deviendra Françoise Dolto, la psychanalyste qui a changé le regard que nous portons sur l'enfance. Comme beaucoup d'enfants nés peu avant le conflit, Françoise vit la guerre de loin, repliée à Deauville en compagnie de ses frères et soeur et de leur gouvernante. À six ans, déjà épistolière de talent, elle multiplie les missives à tous les membres de sa famille.
Ainsi, dit Manon Pignot, historienne de l'enfance, dans sa délicate analyse, 'la guerre a fourni à cette petite fille incroyablement curieuse un contexte inattendu d'expression et d'intelligibilité du monde' qui est à l'origine de sa vision révolutionnaire de l'enfance. L'implication de l'enfant s'intensifie quand elle entretient avec Pierre Demmler, son oncle de vingt huit ans, une intense correspondance et se considère, encouragée par la famille, comme la fiancée et la future épouse du jeune capitaine. La mort au front, le 10 juillet 1916, de Pierre Demmler, fait de la jeune promise "une veuve de guerre à sept ans".
Yann Potin, en historien et analyste des archives familiales, ouvre pour nous enveloppes et albums conservés par Françoise et la famille, interroge "la manière dont le deuil se cristallise, se fixe sur le papier, par les images, mais aussi se transmet malgré nous, par le truchement de la vie matérielle propre d'autant de petits reliquaires affectifs".
Ainsi, l'expérience enfantine de la Grande Guerre a vraisemblablement nourri la pensée révolutionnaire de Françoise Dolto psychanalyste quand il s'est agi, plus tard, de soigner des enfants.
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