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Certains des textes regroupés dans L'Aplatissement de la Terre ont été écrits pendant la pandémie et le premier confinement en France, d'autres non, tous donnent des nouvelles du monde, monde souvent réduit, divisé, meurtri, mais où une parole peut toujours se déployer, raconter une histoire, et chercher à sa façon la rencontre.
Cette nuit, j'ai décidé de tenir à nouveau un journal. Mon journal "parisien" !
J'ai décidé, par un choix délibéré, de me prêter à cet exhibitionnisme légal (et inoffensif) qui est de tenir un journal. C'est pour cette raison que je suis à Paris !
Déchu de sa nationalité roumaine en 1975, Dumitru Tsepeneag est contraint à l'exil. Dès 1970, il se rend à Paris et tient son journal. Témoignage exceptionnel, à travers les remous du champ littéraire roumain, sur la crise qui aboutira à l'effondrement du système totalitaire. On y croise, parmi d'autres, Roland Barthes, Alain Robbe-Grillet, Ionesco et Cioran.
"Nous allons perdre deux minutes de lumière" a dit la présentatrice de la météo en parlant de la journée du lendemain. Et j'ai su que je tenais le titre d'un livre.
Je suis radieuse. Je suis intelligente. Je suis une bombe sexuelle. Je suis drôle. J'habite le Marais. Mes amis me demandent : Mais ? Guillaume Dustan ? Quel est votre secret ? Mon secret ? Je suis dépensière. Je me drogue sans arrêt. Je danse.
Et, surtout, je suis amoureuse.
Voici le deuxième volume des oeuvres complètes de Guillaume Dustan, regroupant Nicolas Pages (Prix de Flore 2000), Génie Divin et LXiR, publiés entre 1999 et 2002.
"Ce qui se joue dans ces trois nouveaux livres est le passage du sexe au genre, du je au nous et de la subjectivité pure à l'impureté de la politique.
Le plus grand écrivain politique de sa génération n'a en effet pas été perçu à sa juste mesure - ni comme écrivain ni comme politique - par les divers acteurs du champ intellectuel."
Thomas Clerc
Chacun ne connaît de sa vie que le roman qu'il s'en fait.
Au fond, qu'est-ce qui vous intéresse en lui ? Sa mort ? Vous perdez votre temps, il ne reste rien, c'est poussiéreux. Tâchez de simplifier pour aller vite.
"Vous êtes puni, Hervé Guibert ?" l'abordai-je alors qu'il se tenait à l'écart lors d'une petite réception, et nous devînmes amis.
À la fin de sa vie, nous nous sommes retrouvés ensemble un an durant, en fait deux, à la Villa Médicis, à Rome.
Je n'ai pas l'ambition de raconter toute notre amitié - mais ces années romaines, soudain, oui.
Tu te rends compte ce qu'on a dû encaisser pour te suivre : rêver de hold-up, bâtir une nouvelle abbaye, transformer le paysage, fonder une religion, faire du théâtre, réparer une maison, écrire un livre avec la vraie vie des gens, etc. C'est délirant. Comme si tout ça allait nous guérir. Alors qu'on n'est pas malade.
Aujourd'hui Toni a vingt ans. Elle se regarde dans la glace. J'ai vingt ans. Elle n'a pas l'impression d'avoir vingt ans. C'est son anniversaire et c'est jour de match.
C'était la nuit et je pensais à Jim-Courage, je pensais que je l'aimais, bien sûr je l'aimais, et je ne savais pas si j'étais triste ou joyeux : j'étais ému.
Au flot des mots, à
la pâte, tu opposes le flux des
poèmes, leur transparence. Simplicité vide de la
pensée et de la forme, pâleur de la colère, répétitions,
tout cela comme inscrit là en creux, presque
noyé, dans le bref cours des jours.
Il est revenu le temps des cinéastes anonymes - La salle éteinte (les voix du silence) - Le cinéma au temps du corona - Lettre de Barcelone - Retour sur Zama de Lucrecia Martel - Ce que l'on ne saurait voir - L'emploi du temps - Le regard analytique au prisme de l'enfance - Entretien avec Serge Daney : « Le mausolée du cinéma me fait horreur »
- Les nuits du cinéma - L'arche de Noé, 13 - Federico - Entre nostalgie et prophétie - L'espace surréaliste chez Rouch et Skolimowski.
Le 29 juin de chaque année le passé revient, si rien ne l'arrête il devient une habitude, avec le masque de l'araignée et celui de la stupeur.
Le père ancien c'est le père
au matin puis le père en fin
c'est le père au début
dans sa vieille mort et puis
après les prières c'est la mort
enfin dans le parler tout autour
et dans le parler il y a aussi
tout autour du fils la mère
dans sa mort moins ancienne
et la visite en moi de la famille
en ses rires et ses ruines.
Fables, souvenirs, choses lues, vues, transposées ou inventées, les historiettes rassemblées ici ont pour thème commun le portrait, les portraitistes et les portraiturés. On y croise pêle-mêle Vigée-Lebrun, Rembrandt, David Hockney et Louise Bourgeois, Lucian Freud, Monsieur Bertin, Saul Steinberg, Le Bernin ou Bram Van Velde, le sultan d'Istanbul, l'empereur de Chine ou Martin Luther. Plotin déjà mettait en garde contre ce vilain usage de laisser derrière soi une image de notre apparence, mais nous n'avons pas cessé pour autant de nous livrer à ce besoin de repousser la mort par l'image.
La première édition de ce livre culte, premier livre de Leslie Kaplan en 1982, a d'abord été publié dans la collection Hachette/P.O.L et repris en 1987 par P.O.L. L'excès-l'usine montre de face l'usine, le travail à l'usine et le devenir de ceux qui y vivent, leur enfermement dans cet espace immense, dans ' la grande usine univers ', infini en morceaux. L'usine est vécue au féminin, ce qui rend son impersonnalité d'autant plus impersonnelle (le ' je ' cède la place au ' on ') et le ' cela ' vécu dans l'usine dépasse, excède tous les mots qui pourraient le décrire, ces mots sont en trop.
Cette nouvelle édition est augmentée d'un entretien de Leslie Kaplan avec Marguerite Duras réalisé en janvier 1982 ; ainsi que d'un texte de Maurice Blanchot sur L'excès-l'usine paru dans le journal Libération en 1987.
' Je crois qu'on n'a jamais parlé de l'usine comme vous le faites. Elle est complètement autre chose, elle est comme à l'origine d'un autre temps. On la reconnaît. C'est très impressionnant. Comme une donnée commune. Même à tous ceux qui n'ont jamais abordé ça. ' (Marguerite Duras)
' Des mots simples, des phrases courtes, pas de discours, et au contraire la discontinuité d'une langue qui s'interrompt parce qu'elle touche à l'extrémité. C'est peut-être la poésie, c'est peut-être plus que la poésie. ' (Maurice Blanchot)
La véritable histoire de cette ville est celle de ses destructions successives et de son acharnement à se nier dans sa personnalité propre.
La véritable histoire de cette ville est celle d'une putain respectueuse dont toutes les amendes honorables ne rachèteront jamais la conduite.
On ne va jamais plus loin que lorsqu'on ne sait pas où l'on va.
Je ne pense qu'à Aurèle et me donne à l'amour.
Mais j'ai besoin de l'hôpital, je dois faire mon métier.
On meurt tous, je m'en occupe.
Quand je mourrai, ma mère ne sera pas morte : Les livres qu'elle nous lisait sont devenus la matière de nos rêves. J'explore cette matière à travers cinq femmes de Tunis à Palerme, Tel Aviv et Paris où ma mère règne au centre des représentations qui nouent les lieux, les dates, à la musique des vers : 'Je demeurais longtemps errant dans Césarée' ou : 'l'eau verte pénétra ma coque de sapin'. La littérature fait partie du Je et ma mère est la littérature, avec la Bible, si ce livre est pris au sérieux, c'est-à-dire : pas trop quand même, mais il prend son effet par là : 'Il y a' du texte, Es gibt : c'est donné et il faut faire avec. Ma mère l'a dit et j'ai trouvé des phrases, assez pour vous faire croire que le texte est vivant.
Le théâtre est l'autre lieu. L'espace s'y appelle autrement : à droite la cour, devant la face, à gauche le jardin, au fond le lointain, au ciel les cintres, sous le plateau les dessous. Au singulier, "les dessous" deviennent le dessous, l'inférieur - qui, remis au pluriel, ouvre les enfers...
Qui est dessous ? En dessous de tout ? - Le langage, le verbe, la parole. - Qui est descendu aux Enfers ? - Orphée, Mahomet, Dante, le Christ.
Qui soutient tout, nous constitue, nous structure, nous porte ? nous supporte ? nous sous-tend ? Quel est notre sous-sol ? - Notre langue. C'est sur elle que toute la construction humaine repose. C'est par elle que nous avons été (légèrement, fragilement !) séparés des animaux.
Nous sommes des animaux qui ne s'attendaient pas à avoir la parole.
Le jour baisse, dixième volume de mon journal, couvre quatre années, de 2009 à 2012. Dans les volumes précédents, je veillais à peu parler de moi. Ici, je m'exposedavantage, parle de ce que j'ai longtemps tu : mon épouse, sa famille, mes rapports avec celle-ci. Je relate ce que fut mon année préparatoire aux études de médecine, ma seconde session à cet examen. Une angoisse indicible. Échouer aurait été pour moi une tragédie. Arrêt des études et engagement dans l'armée.
Pendant cette année, à mon école d'enfants de troupe, j'ai eu des rapports difficiles avec un capitaine. Plus le rugby, plus une ardente faim de vivre, plus des tentations, plus un grand désordre dans la tête et dans le coeur.
Oublier a la préférence des secoués.
Mais le passé minable attendait mi-clos.
J'appelle des visages, des souvenirs, et ce ne sont pas toujours ceux que j'appelle qui se présentent. Et comme s'ils n'attendaient que ça, ils affluent, en vrac, se donnant la main. Je les accueille sans savoir où ils vont me conduire, ni ce qu'ils vont produire. Répartis dans des dossiers étiquetés, descendus de leurs étagères, sortis de leurs tiroirs, les souvenirs sont là, déposés sur mon bureau, attendant avec impatience ? espoir ? que je prenne le temps de m'y arrêter.
Il y a des choses dont on se souvient "comme si c'était hier" et d'autres - quel plaisir ! - qui surgissent, là, soudain, que j'avais oubliées au point qu'elles m'apparaissent nouvelles. D'autres encore, dont je ne mesurais pas l'importance, mais dans quoi, comme à mon insu, le temps a déposé ce que je vais m'acharner à comprendre et essayer de traduire. Oui, les souvenirs, il faudrait pouvoir leur parler. Ils doivent tout savoir de nos regrets, de nos remords.